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Marche, arrêt. Point mort

«Je nettoie mon imperméable à grande eau. Je vérifie que le couple infernal est enfermé à double tour dans la salle de bains parce qu’ainsi leur môme, même réveillé en pleine nuit, ne risquera pas de croiser les cadavres de Papa Maman. Avant de partir j’essuie avec une lingette la totalité des endroits ayant été en contact avec mes gants. Je plonge l’appartement dans le noir avant d’ouvrir toutes les fenêtres: les courants d’air feront changer de place les pollens. »

À Marée haute

Jenifer est venue au monde par hasard. Elle a grandi comme elle a pu, ballottée entre deux prénoms, deux pays, deux cultures. Les disputes et les séparations ne la concernaient pourtant pas, tout était perdu avant elle. Mais voilà, c’est elle qui doit recoller les pots cassés, se reconstruire. Jenifer n’en finit pas de se relever, touchée mais jamais coulée, amère mais jamais aigrie.

Monsieur Quincampoix

Norbert décède malencontreusement dans la fleur de l’âge et un accident de salle de bains. Le hasard ou quelque chose d’approchant lui permet de réintégrer l’appartement cossu qu’il partageait avec sa femme… mais dans la peau d’un bouledogue français asthmatique. Pas facile de rester le mâle dominant quand l’épouse devient la maîtresse.

Mignardises

12 auteurs, 12 textes, 12 raisons de s’enflammer. Les nouvelles qui composent ce recueil ont été publiées dans le cadre des Nouvelles du Mois, sur le site Web de Cousu Mouche. Elles proviennent d’écrivains aux mondes très variés, passionnés et talentueux. Ce livre vous permettra de grignoter de petits bouts d’univers littéraire et de vous aiguiser l’appétit. Les critères de sélection appliqués par Cousu Mouche ? Il n’y en a eu qu’un seul : le plaisir de la lecture. Plaisir que nous espérons vous voir partager.

Le Martyre du pape Kevin

Le martyre du pape Kevin est une joyeuse immersion dans ce choc des cultures, un roman qui nous propose en outre une galerie de personnages intrigants, attachants ou franchement ridicules. Satire sans doute, caricature bien sûr, mais on se prend parfois à penser que même dans l’absurde et la gaudriole, on ne se trouve pas bien loin du réel.

Jean-Noël de la Bâtie

Bien qu’il fut ce que l’on pourrait couramment appeler l’imbécile heureux de sa lignée, celui qui noierait la réputation de ses ancêtres, Jean-Noël de la Bâtie pouvait compter sur une immense fortune amassée par ses glorieux prédécesseurs. Il y avait eu des de la Bâtie dans tous les domaines courants de la vie genevoise : un célèbre chirurgien maladroit, un piètre politicien engourdi et aviné, quelques humanistes frileux, deux ou trois historiens oubliés, un botaniste rêveur et une dévouée maîtresse d’école. Bref, ce que toute bonne famille traditionnelle se doit d’être, elle le fut.

La Terrasse des oubliés

C’est une minuscule terrasse coincée entre le trottoir et l’angle du bistrot. Il n’y a de place que pour deux tables en fer, un banc, une ou deux chaises. Ombragée du printemps à l’automne, ceux qui s’y attablent, négligeant la grande et belle terrasse ensoleillée bordant l’avant du bistrot, risquent bien de ne jamais voir arriver leur bière ou, dans le meilleur des cas, de ne jamais avoir à la payer. Elle porte bien son nom, la terrasse des oubliés.

Bouteilles en verre, bouteilles en plastique

Le professeur Aristide se rendit compte que le temps pressait. Il posa son livre, passa à la cuisine et ouvrit la porte du frigidaire. Celui-ci offrait un spectacle de pénurie : un demi-litre de lait entamé, une boîte d’œufs durs avec encore un ouf peint en vert, un doigt de beurre dans son papier métallisé. Le professeur referma la porte après avoir établi mentalement une petite liste. Il se baissa sous la fenêtre et prit une bouteille consignée pour la rapporter au magasin.

Chanson pour la nuit prochaine

– J’vais t’pisser la mort sur la gueule, sale con ! Il était malpoli. Fondamentalement malpoli. Bon, j’avais un peu renversé ma bière sur la table et elle avait légèrement coulé sur son joli pull de marque pour frimeur patenté, ce qui, j’en conviens, était quelque peu malvenu. Comme il draguait une minijupée ras-le-moteur qui n’acceptait d’évidence aux portes de sa chambre que les types au pull de marque immaculé, il s’était énervé. Moi, j’étais bourré. J’avais quelquefois raté mes lèvres et, à la fin, c’était le verre qui s’était dérobé. J’avais donc mes torts dans l’affaire, mais bon, au-dessus d’un certain taux d’alcoolémie, on ne se laisse pas insulter sans réagir.

La Problématique du réveil

Bon, Sonat, c’est moi. Je suis chez moi. C’est le milieu de la nuit. Ah non, il fait déjà jour. Brigitte, ça doit être une femme. Elle n’est pas à côté de moi, mais au téléphone. Je connais sa voix. J’y suis : c’est ma secrétaire. Elle a de jolis yeux, elle est très ponctuelle et fade au possible. Ma secrétaire, me réveille pour me dire d’aller au bureau ? C’est nouveau ça ? J’arrive quand je veux, généralement en fin de matinée. Les clients ? Quels clients ? Ah oui, des Japonais qui voulaient absolument un rendez-vous à neuf heures du matin. Des fous ! Tout simplement des fous !

La place idéale de Broselide Volpurnet

– Volpurnet ? ! ? Mais ce n’est pas un nom, c’est un sobriquet ! ! ! gloussa en s’étouffant le responsable du personnel entre deux sanglots de rire. Comment voulez-vous que je vous engage comme commis de guichet ? Imaginez vous un seul instant les fortunés clients de notre ancestral établissement de renommée quasi internationale levant les yeux sur votre badge doré, finement ouvragé aux armoiries de notre banque, avec ce loufoque « Broselide Pourpoulain-Mons-Volpurnet » en dessous ? Je ne vous engagerais même pas comme clown à la soirée des enfants du personnel !