Archives du mot-clé Voiture

Why does my heart feel so bad? – Moby

C’est un peu des souvenirs qui jaillissent, ceux d’une petite fille et de sa sœur enfermées dans une voiture au milieu d’une Auvergne au ciel grisonnant, qui ne comprennent pas le sens des paroles mais pourtant
Elles leur vont si bien à cet instant
C’est un peu des moments d’adolescence au bord du lac en fin de soirée, un goût perdu de premiers baisers
Parfois retrouvé
C’est un peu vingt ans en 4 minutes 24, entre colère puis apaisement, entre désillusions et rêves, peurs de ne pas être assez, faire assez
Puis c’est de grands moments de solitude, à être témoin de la détresse des autres qui parfois rappellent la sienne
Comprendre un peu sa place dans ce monde sans vraiment savoir comment la remplir
Pourquoi mon cœur se sent si mal pourquoi mon âme se sent si mal

On m’a demandé d’écrire, et avec une bonne excuse pour écrire c’est plus facile
Ou peut-être cette chanson est une jolie excuse
Pleine de ces tristement beaux souvenirs
Qui soudain se mêlent à ceux qui sont en train de le devenir

C’est un peu des pauses clopes cafés au milieu de gamins qui vont pas très bien
Dont les cœurs se sentent mal et les âmes aussi alors qu’elles se construisent tout juste
C’est sûr que c’est un peu la plus belle chanson du monde, mais juste un peu, parce que j’aimerais bien avoir encore quelques excuses, quelques autres plus belles chansons du monde, pour écrire, juste un peu

Malou

Pandi Panda – Chantal Goya

On avait tout essayé. Les massages de ventre, les positions ventrale, horizontale, verticale, diagonale, le thé au fenouil, le changement de couche, les bercements dans le Maxi-Cosi, le sein, la voiture, la poussette, le porte-bébé. Et évidemment les chansons. On avait commencé par les berceuses, sans succès. J’avais alors égrené tout mon répertoire, de Brassens à Renaud en passant même par Michel Delpech, la Compagnie créole, C Jérôme, Annie Cordy et Mike Brant. Mais la petite continuait à hurler avec une constance sans faille, faisant passer le bruit d’un marteau-piqueur pour un charmant gazouillis de rouge-gorge. En désespoir de cause, j’avais même essayé du Sardou. Mais les cris redoublèrent (elle a du goût cette petite).

A ce moment-là, j’aurais échangé ma bagnole, ma collection de BD et mon troisième pilier contre un remède miracle (mes voisins aussi, j’en suis sûr).

Je n’avais plus rien à perdre.

Alors, j’ai entonné Pandi-Panda.

Je ne sais pas d’où elle est sortie, celle-là. Trente ans qu’elle sommeillait quelque part dans un recoin poussiéreux de ma mémoire. Prête à être utilisée en cas de coup dur, dans le kit de survie.

Pandi-Panda, petit ourson de Chine
Pandi-Panda, né dans l’Himalaya
Pandi-Panda, tu n’seras pas une victime
Pandi-Panda, on te protégera

Et là, le miracle.

La petite cessa net de pleurer et me regarda avec de grands yeux interloqués, bouche en cœur. Qui se transforma en sourire. Faut dire que je chantais en gesticulant et en sautillant. Bref, je faisais le panda. Et croyez-moi, il faut de grandes ressources morales pour faire le panda. Surtout à deux heures du mat’. (Paraît que le type déguisé en Pandi-Panda qui dansait avec Chantal Goya est actuellement en asile psychiatrique.)

Viens mon Pandi-Panda, Je t’ai préparé une bonne soupe de bambou. Et tu bois du lait, comme les enfants !

Bon, je vois déjà fuser vos critiques : paroles bien-pensantes, éloge des animaux en captivité, humanisation d’un animal dangereux, etc. Mais franchement, plutôt que de pester contre les prétendues dérives de l’anthropomorphisme goyien, pensez que grâce à ce brave Pandi- Panda, une génération de gosses (dont je fais partie) a été sensibilisée à la cause des animaux en voie d’extinction. Des gosses qui ont cassé les pieds à leurs parents pour avoir une carte de membre du WWF et un panda à la maison. Des gosses devenus de gentils adultes régressifs se goinfrant de bonbons, de jeux vidéo, de dessins animés et dormant avec leur peluche Pandi- Panda.

Pis de toute façon, les méchants dans cette histoire, c’est les chasseurs (que Goya prend aussi pour cible dans cette chanson subversive qu’est Le Lapin).

Loin de ta maman, loin de ta forêt
Tu pleures parfois mais Pandi tu sais
Que des chasseurs voulaient ta peau
Pour en faire un manteau
Mais aujourd’hui tu es sauvé
Ensemble on veut te garder

La petite s’endormit enfin. Un sourire d’ange collé à ses lèvres semblait dire: Merci papa pour ce moment musical. T’es le plus merveilleux panda du monde, même si faudrait revoir deux trois choses dans la chorégraphie, notamment au niveau de la coordination, du rythme et des pas chassés. Et la prochaine fois, essaie de pas tomber sur le triple axel, ça a réveillé les voisins.

Pandi-Panda a vaincu les coliques. Pandi-Panda m’a sauvé la vie. Pandi-Panda est mon héros.

Et maintenant, y a encore quelqu’un pour prétendre que ce n’est pas la plus belle chanson du monde ?

Philippe Lamon