Le bruit de la lumière d’une boule à facette. Les petits carrés de lumière qui courent long des murs, sur le sol. La légèreté des touches de piano qui introduit ce morceau tiennent la promesse du titre Mirrorball. Le claquement des baguettes sur le bord de la caisse claire rythment le pas de l’auteur dans les rues vides.
Le morceau accompagne le retour à la maison d’un mec après une soirée “j’ai conclu”. Un mec qui admet au fil du texte ses faiblesses de mec, mais sa joie de mec aussi.
Le texte de Guy Garvey, le chanteur d’Elbow, est d’une rare finesse. Autant la promesse du début, le son de la lumière d’une boule à facettes, est tenue, autant le texte va nous imprimer des images dans la tête, issues de la voix légèrement rapeuse de Guy. « I plant the kind of kiss that wouldn’t wake a baby – On the self-same face that wouldn’t let me sleep ». (Je pose un baiser qui ne réveillerait pas un bébé sur le visage qui ne me laissa pas dormir.)
Tout au long de son retour chez lui, Guy nous rappelle que « everything has changed » (tout a changé) – il est bigrement amoureux, l’enfoiré.
Et cette ligne, que tout le monde aurait voulait écrire, voire chanter: « We kissed like we invented it » (On s’est embrassé comme si nous l’avions inventé).
Il y a dix ans, les rues de Genève se sont aussi fait écho à mes pas après une soirée où « tout avait changé ». Pour tous ceux qui ont fait ces pas du petit matin frimas pourtant emplis de joie et d’espoir – c’est un hymne. Et il est parfait.
Dix ans plus tard, l’ivresse de ce changement est toujours présente. Et tiens, Elbow fête aussi les dix ans de la sortie de ce titre. Les constellations sont donc parfaitement alignées.
We made the moon our mirrorball (Nous avons fait de la lune notre boule à facettes)
The streets, an empty stage (Les rues, une scène vide)
The city sirens violins (Les sirènes de la ville sont nos violons)
Everything has changed (Tout a changé)