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All we ever wanted was everything – Bauhaus

Des accords qui couvrent un fredonnement aigu, puis un rythme qui s’accélère, comme le
battement d’un coeur qui repart, ou une vie qui commence, ou des yeux qui s’ouvrent
malgré la lourdeur des larmes qui les éclatent.
All we ever wanted was everything.
C’est une chanson qui dit:
Laisse-moi te toucher. Prends-moi la main.
All we ever got was cold.
C’est une chanson qui dit:
Laisse-moi t’attraper par la manche, te retenir, parce que je sais ce que ça fait de tout
vouloir et de ne recevoir que de fausses promesses, des contrefaçons de sourire, de
l’indulgence en pack de dix et de s’étonner à quel point le vide est lourd à porter.
Cette chanson, c’est une voix tremblante dont coule des larmes, des larmes qui tombent
trop souvent et qui disent ce que ça fait de ressentir ce que tout le monde tourne la tête
pour ne pas voir.
Un cri qui déchire la chanson. Les paroles ont plus beaucoup de sens et d’ailleurs on s’en
fout, maintenant cette chanson n’est plus chanson, c’est une fille de 17 ans qui sourit en
pleurant. Maintenant, c’est une chanson qui dit:
Toi, tu sais ce que c’est d’être trop humain et tu sais que c’est horrible, que le doute a une
odeur pestilencielle et qu’elle revient à chaque fois que les autres rient à une blague sur le
suicide, le viol, la dépression, la violence: tout ce qu’ils tournent la tête pour ne pas voir.
J’aimerais tellement pouvoir te faire comprendre que nous voulions tout avoir et que les
petites choses qui te font pleurer sont gigantesques.
Nous voulions tout savoir, tout vivre, tout pleurer et en faire de l’art pour ne jamais plus
être seul.
La chanson s’essouffle et finit comme elle a commencé, elle murmure:
Ni la froideur de l’apathie, ni la morsure de la compassion contrefaite
Ne t’empecheront de te tourner
Vers tous ceux qui ont toujours tout voulu.

 

Lara Torbay

 

Colorblind – Counting Crows

« I am covered in skin, no one gets to come in… »

La solitude de l’artiste.

Moi, qui ai tant besoin de dire, montrer, partager. Bien qu’habile dans l’action de créer, l’œuvre n’est jamais qu’une pauvre copie de ce que contient ma peau. Mon art, il est prisonnier de ma chair.

Sur un canevas, je crache du noir, du gris, du blanc jauni. Retournez-moi, vous verrez ce que le cercle chromatique a omis d’inventer! Je suis prête, prête à être à découvert, mais de mon enveloppe élastique et hermétique, il m’est impossible de sortir. Alors, je m’entête à cette idée qui m’embête. Une fracture du crâne laisserait-elle suinter un peu de ce qui m’habite?

Bah! Même tous ces mots qui viennent du bout de mes doigts n’arrivent pas à révéler ce qu’éprouve mon corps. Mais je vais bien. Je suis un peu moins seule avec cette chanson qui, il me semble, vit la même chose que moi.

Et je ne laisserai personne, je dis bien personne,  dire que cette chanson n’est pas la plus belle du monde.

Geneviève Ricard

Si rien ne bouge – Noir Désir

Je ne laisserai jamais dire que ce n’est pas la plus belle chanson du monde. Non, jamais.

Je ne peux pas vous expliquer pourquoi, je n’ai aucune analyse de texte à proposer, aucun souvenir particulier lié à cette chanson à relater, aucun argument rationnel à faire valoir.

Mais je ne laisserai jamais dire que ce n’est pas la plus belle chanson du monde. Non, jamais.

Elle résonne en moi, elle me bouleverse, elle me transporte.

Est-ce la mélodie, la voix, les paroles, le rythme? Aucune idée, mais c’est l’alchimie parfaite pour ravager mes émotions comme seule la plus belle chanson du monde peut le faire.

Tout l’art est là, inexplicable, impalpable, inappréhendable. L’essence de ce qui nous fait vibrer n’est pas toujours rationnelle et c’est ce qui en fait tout le charme.

Et si rien ne bouge, elle restera à jamais ma plus belle chanson du monde et je ne laisserai personne dire le contraire. Non, jamais.

Laure Delieutraz