Rebel de Bashung, j’adore et voici un peu pourquoi
D’accord, ce n’est pas la plus connue, la plus belle, la plus émouvante (quoique…) chanson du grand Alain et de son inimitable parolier Boris, elle peut être même considérée comme convenue. Mais je l’adore. C’est une des chansons de Bashung qui m’a le plus marqué. Surtout, celle à laquelle je me suis le plus identifié. C’est vrai, je me suis pris – et je me prends encore parfois, quel grand gamin… – pour un rebelle, mais avec Alain c’est avec un seul L. Sacré, Bashung.
Au-delà de l’affection très personnelle, que je revendique et que je défends – manquerait plus que ça! -, que je porte à ce morceau, je trouve qu’il résume bien l’esprit de Bashung – je n’écrirais pas bashunguien, c’est horrible!.
Le refrain me parle énormément, et il reste actuel. En tant que fils d’immigré, c’est normal. Ben oui, «yé n’en pé plou».
Je serai toujours cet étranger
Au regard sombre
Un rebel dans vos villes de contraste
Yé n’en pé plou
Vous me direz, «là, Bashung se prend au sérieux». Certes, mais tout de suite après, il dédramatise. Sa façon à lui de faire passer un message sans avoir l’air d’y toucher. Génial.
J’ai nettoyé La cheminée de Ramona
Je suis parti
Avant que la senora me dise merci
Yé n’en pé plou
Forcément, il conserve son esprit. Il pousse son ami et complice à bout avant de calquer une musique assez convenue sur ses paroles. Joli contrepied. Un peu loufoque, mais pour moi il fonctionne.
Quand je réécoute ce morceau, l’émotion l’emporte sur la raison, en fait. Il symbolise tellement toute une des époques de ma vie, il réveille trop de choses en moi. Ça me fait un vieux bien. Comme quand vous revoyez une ancienne copine et que vous ne vous souvenez que des bons moments passés avec elle. Le reste, on s’en fout!
Après six babies ton excuse est floue T’es allée revoir le fils du Sheik
Me faire ça à moi d’habitude quand
Je rentre tout est sec
Yé n’en pé plou
Forcément, j’adore cette dernière strophe. Du grand art. Le gars chante ça comme le premier couplet d’un tube de l’été, la classe! Moi, ça me fait toujours sourire. C’est peut-être con, mais c’est comme ça, j’ai l’humour décalé un peu facile. Je suis très client.
Bon bref, j’adore et je vénère Bashung. J’aurais pu prendre mille autres de ces morceaux, comme celui où il chante «tant que soufflera la tempête, je saurai à quoi j’aspire» ou l’incroyable «Imbécile», le mythique «Sur la ligne blanche». Même des plus modernes.
J’aurais pu vous parler de son déchirant et splendide dernier album. De mon expérience, en mai 2008, aux Francomanias de Bulle lorsqu’il a débuté son concert avec «Comme un légo» tout seul sur scène, lui et sa guitare. Fabuleux moment! Une spectatrice s’était même évanouie d’émotion devant moi alors que mon ami Jérôme faisait le pitre. On sentait que c’était ses derniers moments au grand Alain, et j’ai vécu ce concert comme une messe. Horrible et fabuleux à la fois.
Mais bon, pour moi le grand Alain, restera toujours le mec capable de chanter «Rebel» sans avoir l’air d’y toucher ou de nous sortir «Touche pas à mon pote» en deux jours sans vraiment comprendre ce qu’il chantait.
Ben voilà, merci à jamais à mon ami Christian qui m’a initié à l’univers de cet artiste incomparable et insaisissable. Merci aussi à cet magnifique et adorable hurluberlu de Perruchoud de m’avoir permis de m’exprimer ainsi. Ça m’a fait un bien fou!
Julian Cervino