Deux ingrédients : un piano, un Nicolas. Et un texte qui retourne les tripes tant il sent le vécu, des mots qui m’ôtent les miens, peut-être parce que pour la première fois j’ai l’impression que tout est dit sans avoir à parler. Plus qu’une chanson, le sentiment d’être comprise lorsque je ne me comprends plus moi-même.
Moi aussi j’étais une fée… Je connais ces périodes de jeûne, puis les missions commando dans le frigo jusqu’à ce qu’il n’y reste rien. Le passage aux toilettes, pour tenter de rendre ce goût d’amertume qui colle désespérément aux dents et reste dans la bouche; l’envie d’être vue, puis l’envie d’être rangée dans un petit coin tranquille, s’allonger et prendre la poussière, l’envie d’être oubliée.
Ravaler ses larmes, sourire pour bétonner le tout et se construire une muraille. Pardon, c’est tout ce que j’ai trouvé. Je ne suis pas belle, je suis grosse. Ce n’est pas moi qui le dis mais le miroir, et il ne ment jamais; il ne me reste que lui. Parce qu’à trop baisser les yeux, j’ai loupé mon reflet dans ceux des gens qui m’aimaient.
Puis un soir une chanson. Une chanson qui éclaire et qui t’envoie la vérité en pleine face, pour finalement te faire bouffer ta propre stupidité. Une chanson qui guérit et qui, quelques années plus tard, permet d’en sourire, et même d’en écrire.
Lilou Rogès