Archives du mot-clé Genève

Mirrorball – Elbow

Le bruit de la lumière d’une boule à facette. Les petits carrés de lumière qui courent long des murs, sur le sol. La légèreté des touches de piano qui introduit ce morceau tiennent la promesse du titre Mirrorball. Le claquement des baguettes sur le bord de la caisse claire rythment le pas de l’auteur dans les rues vides.

Le morceau accompagne le retour à la maison d’un mec après une soirée “j’ai conclu”. Un mec qui admet au fil du texte ses faiblesses de mec, mais sa joie de mec aussi.

Le texte de Guy Garvey, le chanteur d’Elbow, est d’une rare finesse. Autant la promesse du début, le son de la lumière d’une boule à facettes, est tenue, autant le texte va nous imprimer des images dans la tête, issues de la voix légèrement rapeuse de Guy. « I plant the kind of kiss that wouldn’t wake a baby – On the self-same face that wouldn’t let me sleep ». (Je pose un baiser qui ne réveillerait pas un bébé sur le visage qui ne me laissa pas dormir.)

Tout au long de son retour chez lui, Guy nous rappelle que « everything has changed » (tout a changé) – il est bigrement amoureux, l’enfoiré.

Et cette ligne, que tout le monde aurait voulait écrire, voire chanter: « We kissed like we invented it » (On s’est embrassé comme si nous l’avions inventé).

Il y a dix ans, les rues de Genève se sont aussi fait écho à mes pas après une soirée où « tout avait changé ». Pour tous ceux qui ont fait ces pas du petit matin frimas pourtant emplis de joie et d’espoir – c’est un hymne. Et il est parfait.

Dix ans plus tard, l’ivresse de ce changement est toujours présente. Et tiens, Elbow fête aussi les dix ans de la sortie de ce titre. Les constellations sont donc parfaitement alignées.

We made the moon our mirrorball (Nous avons fait de la lune notre boule à facettes)
The streets, an empty stage (Les rues, une scène vide)
The city sirens violins (Les sirènes de la ville sont nos violons)
Everything has changed (Tout a changé)

Les Jours de bise – Tomas Grand

Je l’ai croisé au hasard de la vie genevoise dans un bistrot. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vus. Ses cheveux scintillent aussi un peu plus. C’est rassurant de voir que chez les autres aussi. Sa voix est toujours aussi chaleureuse et son sourire charmant.

“Ah bah ouais, t’as sorti un deuxième album, Kamikaze à plein temps c’est ça?” “Euh, non seulement à mi‑temps”, me dit‑il. Effectivement, kamikaze à plein temps, c’est usant.

Évidemment… en se croisant à une soirée Cousu Mouche, on en est venu à ce foutu bouquin Je ne laisserai jamais dire que ce n’est pas la plus belle chanson du monde. Ça m’a donné l’envie de faire une spéciale dédicace à cet artiste genevois qui mérite bien d’y figurer et dont j’écoute l’album Ça commence mal en boucle depuis deux jours pour choisir la plus belle chanson du monde.

Je me souvenais de cet album tendre, fragile, timide et plein de pointes d’humour… Ce qui me laisse croire qu’il doit beaucoup ressembler à Tomas. D’ailleurs, très difficile d’en choisir qu’une.

Il me fait rire avec son top model, avec sa voisine, ou encore avec sa noce.

Une beauté sans matières grasses :

C’est un cauchemar, une vraie série noire,
Dans le frigidaire, c’est vraiment pas la fête,
J’ai beau chercher, partout sous les courgettes,
Tout remuer, pas l’ombre d’une canette
(Mon top model)

Une relation de fenêtre :

Moi de ma fenêtre, toi de ta fenêtre,
On s’est quitté, toi de ta fenêtre,
Tu m’as, que s’est bête, laissé tomber
(De ta fenêtre)

Une mariée qui file à l’anglaise :

Et tu m’as laissé, il faut l’avouer,
Un peu mal à l’aise, devant le curé
(La noce)

Il est touchant, sensible, timide. Il ne sait pas comment l’aborder, il doit certainement rougir. Il est tendre, ce père qui aime sa famille. Un autre courageux n’a crainte de trois gouttes d’eau pour aller au fond du jardin.

Et pourquoi Les Jours de bise? Parce qu’ils coiffent ou décoiffent c’est selon. Parce que

Genève prend des airs de Pise,
Les jours de bise,
Elle se maquille,
Et m’embrasse,
Met son écharpe,
Et s’en va

Et ce sont‑là les bonnes raisons pour que je ne laisse jamais dire que ce n’est pas la plus belle chanson du monde.

 

Helena de Freitas

Cliquez ici pour écouter la chanson