La plus belle, je ne sais pas.
Mais la plus sobre. La plus douloureuse.
Elle m’appelait Sunshine. Ma fille, c’était Ella Bella.
Elle, elle a été là, pendant trente ans.
Et ce 19 décembre, le soleil s’est couché pour ne plus se lever que dans ma mémoire.
Un léger accent allemand. Une mèche qu’elle arrangeait sans cesse sur son front. Son rire et ses pommettes roses quand on buvait un peu trop de pinot. Son écoute attentive, de femme qui n’a pas eu d’enfant et a choisi ceux qu’elle voulait aimer.
Son éternelle jeunesse.
Les articles qu’elle découpait dans les journaux pour me les envoyer, qui étoffaient une discussion qu’on avait eue devant un repas léger parce qu’elle avait un appétit de moineau. Les Lieder de Schubert et le Messiah de Haydn qu’elle m’offrait par tranches, pour ne pas me rassasier.
Ses voyages, ses silences, ses pudeurs, ses blessures et son élégance. Ses indignations et ses générosités.
Ain’t no sunshine anymore.
J’ai perdu tellement plus que cela. Mais c’est déjà beaucoup.