Les craquements de l’escalier
La main courante froide et lisse, immobile
La tapisserie pivoine qui la borde
L’odeur du tabac embrassant la réglisse
La radio éructant des résultats sportifs
Des ambulances par la fenêtre
Des oiseaux qui s’en mêlent
Courants d’air, CLAC
« La porte, merde »
Et moi au bas de cet escalier…
Orteils froids, mains moites, un pas
La petite goute de sueur qui chatouille
et qui se fraye un chemin
sur le parterre fleuri de mon front
une jungle de boutons
Deux pas
la petite goute de peur
qui excite mon pantalon
Trois pas
Le coeur qui s’emballe
le cerveau qui remballe
sa bête assurance
Et maintenant je fais quoi ?
Je fais comment moi ?
La porte en haut de l’escalier qui s’ouvre
Doucement
Ah ben t’es là ?! Entre
La porte qui se referme
Baiser, cliquetis des langues
Gargouillis labiales
La chaleur de ses bras
Et le reste, et le reste
Tête vide, mains pleines
L’histoire du manchot
séduisant la gazelle
Et Brel à la radio
qui invite pour un moment
son enfance entre nos bras
Tout va bien finalement
Tout va bien
Bastien Leutenegger