Il y a des groupes qui marquent une époque. Mais pas deux! Supertramp en fait partie. Un son ancré dans les seventies, une certaine virtuosité, bref, une musique qui a tendance à mal vieillir, et pourtant! À y regarder, ou y écouter de plus près, certains de leurs morceaux sont de pures merveilles!
Supertramp, c’est d’abord une voix (en fait deux, mais vous m’avez compris, j’en suis sûr…), celle de Roger Hodgson; le chanteur a la voix aiguë, une tête barbue de hippie, sorti tout droit d’un ashram indien, et son incontournable Wurlitzer. Mais en fait, dans Crime of the Century, c’est l’autre chanteur, Rick Davis, qui prend son tour de chant, accompagné de son piano!
Un morceau de cinq minutes trente-cinq, mais dont la partie chantée ne dure qu’une minute trente, en fait un prétexte à annoncer l’envolée instrumentale qui va suivre. Deux couplets et un semblant de refrain un peu ridicule, puis arrive, le thème : quatre accords simples, répétés, qui seront la base de toute l’envolée. Une basse omniprésente mais statique. Enfin des violons. Plein de violons. Beaucoup de violons qui dessinent une mélodie simple mais efficace. Mélodie reprise rapidement par un cliché de l’époque : le saxophone. Mais ici, pas de beau black mystérieux avec ses lunettes à monture dorée, mais un blond rachitique qui pourrait avoir passé sa vie dans le Vercors à élever des moutons, et pourtant quel feeling! C’est lui qui finira le morceau par une note tenue, et même soutenue, par une grosse descente de batterie qui sonne le glas de ce crime du siècle…
En fait, Supertramp, c’est un groupe de clichés, mais parfois c’est tellement bon!
Arnaud Bosch