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Crime of the Century – Supertramp

Il y a des groupes qui marquent une époque. Mais pas deux! Supertramp en fait partie. Un son ancré dans les seventies, une certaine virtuosité, bref, une musique qui a tendance à mal vieillir, et pourtant! À y regarder, ou y écouter de plus près, certains de leurs morceaux sont de pures merveilles!

Supertramp, c’est d’abord une voix (en fait deux, mais vous m’avez compris, j’en suis sûr…), celle de Roger Hodgson; le chanteur a la voix aiguë, une tête barbue de hippie, sorti tout droit d’un ashram indien, et son incontournable Wurlitzer. Mais en fait, dans Crime of the Century, c’est l’autre chanteur, Rick Davis, qui prend son tour de chant, accompagné de son piano!

Un morceau de cinq minutes trente-cinq, mais dont la partie chantée ne dure qu’une minute trente, en fait un prétexte à annoncer l’envolée instrumentale qui va suivre. Deux couplets et un semblant de refrain un peu ridicule, puis arrive, le thème : quatre accords simples, répétés, qui seront la base de toute l’envolée. Une basse omniprésente mais statique. Enfin des violons. Plein de violons. Beaucoup de violons qui dessinent une mélodie simple mais efficace. Mélodie reprise rapidement par un cliché de l’époque : le saxophone. Mais ici, pas de beau black mystérieux avec ses lunettes à monture dorée, mais un blond rachitique qui pourrait avoir passé sa vie dans le Vercors à élever des moutons, et pourtant quel feeling! C’est lui qui finira le morceau par une note tenue, et même soutenue, par une grosse descente de batterie qui sonne le glas de ce crime du siècle…

En fait, Supertramp, c’est un groupe de clichés, mais parfois c’est tellement bon!

Arnaud Bosch

Overkill – Motörhead

Une chanson, c’est fait pour être chanté en public ! Alors à l’heure où le trio légendaire du metal anglais vient nous offrir une représentation dans les arènes d’Avenches, je vous offre ce petit bijou d’amour et de partage scénique.

À la barre, trois bons pères de famille qui jouent toujours les durs :

– Lemmy Kilmister, chanteur-bassiste, légendaire pour ses deux énormes poireaux, sa barbe et ses 2500 conquêtes;

– Phil Campbell, guitariste gallois de génie, également appelé « The Welsh Wanker » (je fais confiance à votre niveau d’anglais…)

– Mikkey Dee, suédois qui sourit tout le temps et accessoirement batteur quinquagénaire avec des bras larges comme des troncs d’arbre

Dans Overkill, les paroles sont toujours ciselées avec finesse et imagination, mais pas plus que leurs autres tubes au titre suggestif Killed by Death ou We are Motörhead.
Comme à l’accoutumée, Lemmy nous enchantera sans varier d’un ton, preuve que quarante-neuf ans de carrière et une bouteille de whisky quotidienne n’altèrent rien à ses qualités vocales.

Et ni plus ni moins que d’habitude, Phil nous gratifiera de ses solos légendaires.

Alors pourquoi celle-ci et pas une autre ?

Tout simplement car après avoir « envoyé le pâté » pendant trois minutes, il y a ce trait de génie : faire croire que c’est la fin de la chanson (et du concert), et ce à deux reprises !
Puis, offrir un grand moment de partage à tout le monde :

– à Mikkey, le batteur-bûcheron, à qui on offre le plus grand moment du concert, lui qui réveille tout le public par deux solos de batterie dans un monde où chanteurs et guitaristes relèguent trop souvent les autres au rang de faire-valoir

– aux spectateurs néophytes : ceux qui sont là car  ils voulaient voir d’autres groupes dans le festival, ou encore ceux qui ne connaissaient que Ace of Spades… Eux pensaient que le concert était fini et ont finalement le droit à un deuxième service de dessert !

– aux fans purs et durs : ceux qui sont aux premiers rangs du pogo, qui ne retrouveront jamais le porte-feuilles qu’ils y ont sûrement laissé tomber depuis des heures, qui ont mal de partout et le cœur qui bat à 200, le T-Shirt tellement trempé de sueur que c’en est une deuxième peau… Eux ont le droit à trois minutes d’extase supplémentaire. Une manière de leur dire « ces trois minutes sont à vous, rentrez-vous encore les uns dans les autres avec le peu de force qu’il vous reste ».

Et à la fin de cette symphonie mélancolique, ce sont 5, 10 ou même 20 000 nounours tatoués, percés, tous vêtus de noirs qui se tombent dans les bras puis s’évaporent dans la nature (traînant les blessés derrière eux), simplement heureux d’avoir partagé la nuit.

Cédric Junillon