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Ella, elle l’a – France Gall

Les souvenirs sont parfois liés à des tubes qui nous martèlent la tête durant une saison, et paf! ils disparaissent et c’est tant mieux mais du coup des bouts de mémoires restent ancrés dans quelques notes d’un été lointain… dans le Sud, l’Italie, la France, Nice, Cannes…

La route sinueuse qui longe la mer, dans le rétroviseur je vois leurs yeux qui rigolent, ils chantent pas, ils huuurlent. Ella elle l’aa OU-OU-Ou-OOOuuuuuuuu, les cordes vocales vont lâcher et leurs rires se balancent d’un côté à l’autre de la banquette arrière au rythme de la musique.

On a pas vingt ans, putain, on est tellement libres, on a tellement peur de rien. Antibes, la mer, la plage, les sorties, on mange, on boit, on danse, on crie…

Plus de vingt-cinq ans ont passé, un de ces rires manque à l’appel, la vie parfois nous enlève ceux qu’on était sûr de garder pour toujours.

Alors cette chanson, je sais pas trop si elle m’emmène dans la tristesse ou dans la joie.

Elle marque son absence tout en soufflant un peu de ce qu’il m’a laissé de lui et, au-delà des paroles, c’est son rire à lui que j’entends.

Katarina Boselli

 

Bidonville – Claude Nougaro

Cet été, assis sur une plage de Sicile, j’écoute « Bidonville » de Claude Nougaro sur mon lecteur mp3. Les yeux perdus au large. « Me tailler d’ici à quoi bon ? » Chez nous, la vie est bien jolie. C’’est bonnard mais ça ramollit (Sarclo copyright)

On a des bouteilles d’eau fraîche que vendent les marchands ambulants africains, des lunettes de soleil et des chapeaux de paille. Made in China. Évidemment. C’est la dolce Vita. Et c’est pas du wolof. C’est du rital.

La chanson, elle, est brésilienne à la base. « Berimbau » de Baden Powell. C’est son nom. Et celui d’un instrument utilisé par les esclaves déportés vers le Brésil. Nougaro en a fait une chanson sur les bidonvilles qui poussaient à la périphérie des villes françaises dans les années 60. Il n’y a plus de bidonvilles aujourd’hui en France. Enfin si toujours. Mais ça reste entre nous.Et la chanson résonne dans mes oreilles face à la Méditerranée. Combien d’hommes et de femmes perdues sous l’eau limpide ?

« Je verrai toujours de la merde même dans le bleu de la mer »

Combien de barques remplis d’espoir arrivant vers nous ? Pour être accueilli comme des parias plutôt qu’en camarades.

Bientôt, bientôt,
On pourra se parler, camarade.
Bientôt, bientôt,
On pourra s’embrasser, camarade.
Bientôt, bientôt,
Les oiseaux, les jardins, les cascades.
Bientôt, bientôt,
Le soleil dansera, camarade.
Bientôt, bientôt,
Je t’attends, je t’attends, camarade.

Cette chanson est la plus belle de mon monde.

Regarde le, Nougaro dans cette version live… L’animalité, la classe, le groove… Le blues.

Universel.

Erwan Roux