Au delà de la maitrise absolue de la voix et des instruments, au delà même de l’incroyable synchronisation des différents éléments qui s’assemblent pour constituer le flux de plaisir musical, il y a dans ces notes toute l’Inde, tout un continent qui pleure et qui rit, la magie des couleurs et des rêves de voyages inachevés.
Cette chanson m’a accompagné pendant des décennies, de cassettes en compacts, chaque jour l’envoûtement se distillait dans les oreilles comme la douceur d’un fleuve qui apaise, qui rafraîchit. Chaque jour j’étais comme le Siddhârta : même au cœur des pires souffrances, je trouvais dans ces paroles qui ondulaient vers mon cœur, l’énergie de la longue histoire d’un peuple, d’un mythe sans cesse renouvelé.
Et puis un jour, avec un copain indien, j’ai appris qu’il avait composé ça pour une chaîne de magasins d’habits discount, la très sainte description d’un costard taillé sur mesure avec une cravate offerte si tu achetais des godasses avec.
Je m’en fous, je l’aime toujours comme si c’était le bruit des pas d’une divinité éthérée.
Jérôme Rosset