Archives du mot-clé Anarchie

Lithium – Nirvana

D’où viennent donc ces voix dans ma tête qui me disent que ce n’est pas juste ? D’où viennent donc ces incantations qui me poussent à me révolter ? D’où viennent donc ces idées qui me poussent aux larmes ?

I’m so happy ’cause today
I’ve found my friends …
They’re in my head

Ce monde n’est pas réel. Il n’est que désillusions et injustices. Je rêve d’une ville où il n’y aurait ni argent, ni politique. Je rêve d’un amour véritable. D’un monde plus juste. Moi, je ne sers à rien. Dans le miroir, une adolescente aux yeux bouffis et cernés, des cheveux devant le visage. En révolte, contre elle-même, contre tout et tous. Elle ne sait plus vraiment pourquoi.

I’m so ugly, but that’s okay, ’cause so are you …
We’ve broken our mirrors

Il y a ces cris, ces assiettes qui explosent juste un étage en dessous. Ces disputes incessantes me brisent, me lacèrent les bras et le cœur.

Yeah, yeah, yeah

La fumée de cigarette s’échappe par ma fenêtre entrouverte. Les mégots s’amoncèlent dans le cendrier.

And I’m not scared
Light my candles in a daze …

Mon plafond est peint en noir et j’y ai tracé un A entouré d’un cercle blanc. Ni Dieu, ni maître. Une lampe simple blanche diffuse une faible lumière. Le cordon de la lampe pend. Je le regarde. Il m’attire.

Je tire encore une fois sur ma cigarette. La chaleur incandescente se rapproche de mon majeur et de mon index. Je vais me brûler. Non, je ne craquerai pas. Ce serait trop facile.

I like it – I’m not gonna crack
I miss you – I’m not gonna crack
I love you – I’m not gonna crack
I killed you – I’m not gonna crack

Vingt-quatre ans après, j’ai fini par craquer. Mais je vous aime tout de même.

Olivia Gerig

Au bout de nos rêves – Les Vaches Laitières

En sortie de neuvième, cherchant de la musique entraînante et mettant dans une bonne ambiance, je découvris The Exploited, un groupe écossais. Première découverte de punk, et ce fut le changement. À partir de ce moment, j’ai cherché d’autres groupes de punk, mais francophones cette fois; j’ai découvert les Béruriers Noirs, Brassens Not Dead, Les Sales Majestés… et les Vaches Laitières… Un groupe de chez nous.

Cette chanson est un appel à la libération d’un système de bourrage de crâne.

C’est LA chanson la plus entraînante de ce groupe! C’est surtout un appel à l’action directe pour une vie meilleure où, quand on regarde le passé, on se dit qu’il faut vivre l’instant présent sans se soucier du futur!

Cette chanson commence par :

Eh, mon frère, dis-moi à quoi tu rêves,
Là, comme ça, le nez planté dans ta bière,
Tu sais même plus pourquoi tu te lèves,
Tu désespères de l’humanité entière,
T’as passé tellement de temps à gueuler,
À te battre, à lutter, à manifester,
Tu te demandes ce que ça a changé,
On dirait bien que tout a empiré…

On ressent le sentiment de puissance du narrateur face à la déprime du destinataire. Ce destinataire c’était moi, il y a environ un an maintenant, en détresse face à un monde que je découvrais à peine… le monde du travail. J’avais peur, peur du futur… peur de mal faire les choses.

Un peu plus loin, on a un véritable appel à la révolution!

Allez, mon ami, tout n’est pas vraiment fini
Tant qu’il nous reste un peu d’énergie
C’est peut-être nous le dernier rempart
Et on ne se laissera pas tomber ce soir
Gueulons nos rages et faisons du bruit
On réveillera peut-être quelques endormis
Et ensemble on continuera d’y croire
Même si c’est sans espoir.

Il y est aussi clairement dit que même si c’est sans espoir, il faut se battre, jusqu’au bout de nos rêves. Mon rêve était de m’instruire. M’instruire dans un monde où l’on ne veut pas de gens cultivés. Un monde de gamins immatures qui se croient grand, dans un monde tout petit. M’instruire pour changer le monde. En faire un monde où tout le monde est égal… où tout le monde aide son prochain à devenir ce qu’il veut, un monde où tout le monde se respecte.

Enfin, ici on dit clairement :

Et même si on sait qu’à la fin de nos vies
Le monde sera toujours aussi pourri
Continue dur le travail de fourmi
Résistons toujours à la saloperie
Contre le vent des masses abruties
Contre les marées du pouvoir et du fric
Jusqu’a la fin comme un îlot de vie
Face à cet océan de connerie

On y dit que devant la masse de connerie mondiale, il y a toujours un petit bout de terre moins débile. Comme au Pantographe, ou tout autre lieu alternatif qui se respecte. Des endroits qui respirent la culture et la générosité.

Ce fut pour moi la découverte du siècle! Cette chanson m’a appris qu’il ne fallait JAMAIS abandonner! Toujours suivre ses idées.

Merci!

Peace & (A)narchie

Polo Charmillot

À la claire fontaine – Traditionnel

Pas la peine de tourner autour du pot; tout est dit dans cette chanson-là, et ce qui n’est pas dit est suggéré. C’est ce qu’on appelle la poésie, tout simplement, pour les ceusses qui ne comprennent pas.

Amitié, amour, connivence, complicité, regret, suggestion, remords.

On ne sait pas et on s’en fout. Ce qui est important c’est qu’on soit ému. C’est tout. Et là, on est gâté.

Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai.

Tout est dit : passé, présent, futur.

Allez hop. Question suivante?

Mon ami Pierre. Bouton de rose. En haut d’un chêne. Je m’y suis baignée.

Mais bordel, tu comprends toujours pas? T’es pas poète toi. T’es matérialiste.

Il faut que JE T’AIME soit hurlé pour que tu comprennes? Comme quand c’est Johnny qui chante?

Eh ben, moi, c’est pas mon truc les gueulards, les geignards, les pleureuses, les suicidaires, les dépressifs.

Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai.

Moi, c’est À la Claire Fontaine et pis c’est tout.

Enfin, non ce n’est pas tout. Mais celle-ci, elle est hors compétition, parce qu’elle est immortelle.

Son histoire déjà, c’est toute une histoire. Je ne vais pas vous la jouer Wikipédia, mais en quelques mots, faut savoir que c’est une vieille chanson française oubliée, quasiment disparue, sauf par nos cousins d’outre-Atlantique qui ont eu la bonne idée de nous la ramener pendant la Première Guerre mondiale. Merci les gars ! La guerre, ça a du bon.

À moins que la maladie d’Eisenhower ne s’en mêle et m’emmêle, je te le promets : il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai.

Laurent Boissery

Anarchy in the UK – Sex Pistols

Dès les premières mesures du morceau, on peut entendre le bien nommé Johnny Rotten éructer un jouissif « Right Now ! » (Tout de suite).

En quelques secondes, le décor est planté et tout est dit. Le monde de la pop ne sera plus jamais pareil, il y aura un avant et un après ce « Right Now ! ».

Bien sûr que les Sex Pistols sont le fruit d’une énorme supercherie, mais la vie n’est-elle pas une énorme supercherie ?

Jugez plutôt ce que l’enfant que j’étais pouvait ressentir au son de cette voix, un mélange d’excitation et d’inquiétude. Comme si je découvrais le vrai timbre de Satan, mais plutôt que de m’enfuir tout de suite, je restais un peu pour voir, parce que j’avais le sentiment qu’avec ce diable-là, on ne s’ennuyait pas.

Et quel message me délivrait ce beau diable ? « Right Now ! », comme une invitation à l’action, ici et maintenant, un appel à faire exploser toutes les barrières érigées par la société, ou par moi-même. Peu importe ce qui se passera après, agir toujours et « tout de suite ».

C’est comme si cette bande de fouteurs de merde avait redonné le pouvoir à nos cerveaux reptiliens, celui qui n’a qu’un instinct, vivre et survivre. Tout le reste n’est que baratinage.

Sous la crête du chanteur des Sex Pistols se cache peut-être l’un des plus grands philosophes du XXe siècle, mais un philosophe sans dogme, qui n’invite qu’à une chose : agir « Right Now ! »

Patrick Fellay