Fernand – Jacques Brel

J’étais heureux sans rêver, je ne pouvais pas aller mieux. Ce n’était pas mon jour de chasse, mais j’ai eu la chance de croiser mes prochains beaux souvenirs. Une mante délicieuse m’a tendu un bouquet de poses de toutes les douceurs. Elle m’a fait croire à un amour dur que je voulais éternel. Elle m’a demandé des choses incandescentes que je n’avais jamais osé caresser. Mes sentiments ont commencé à bander. J’ai su que toute haine était perdue. J’étais totalement sous sa surprise. Elle m’inspirait de merveilleuses apnées futures.

Je m’engageais dans ses pénates pour quelques prouesses péniennes, gorgées de dard, plongées bestiales en abysses, cris d’abbaye, d’huile digitale sur fond de crypte, de batailles labiales, d’abats rongés, de fresques de positions, de frasques de fesses, de gorges employées, d’égouts doucereux, de vulgarités nuptiales, de promesses mammaires, de lave baveuse, d’aurores vaginales, de parties fines de câlins paillards, de toison mortelle.

Nous jurâmes, en ce jour de bêtes, de rester fidèles à nos pénétrations, de fendre les fosses perdues, de ne renier, ni la cave, ni le grenier. Nous n’étions plus que deux horribles virtuosités prêtes à se livrer à d’avides introductions. Nous étions prêts à laisser nos cerveaux s’épancher sur ce qu’il fallait démonter.

Les battements de mon cœur dépassaient les vingt centimètres. Elle était si belle le visage défiguré par les morsures du plaisir. Ses doigts avaient le don de soie. Ma queue allait dépasser les bornes. Je rinçais mes yeux au bord des effluves. Je me baignais dans de l’eau de vice. L’amour plantait ses arrières. Face à tant d’adresse postérieure, j’allais doucher le fond du trou. J’implorais le liquide de ne pas s’écrouler, de ne pas fondre dans les fondations. Les seins qu’elle me tendait persécutaient ma lutte. Ses mains parlaient trop. Sa langue me perdait. Son cul ébranlait mon combat. Il était bien trop tôt pour intimer l’ordre à l’orage d’éclairer ses cheveux intimes.

J’étais au septième bordel. Je crevais tant de faim que je craignais d’être moyen. Oh ! Marie pleine d’angoisse…

La magie ne voulait pas s’enrayer. Il fallait coûte que coûte que mon sperme ne naisse pas avant terme. Je ne voulais pas pleurer avant le germe de son petit décès. Son corps n’était pas encore mûr pour cette petite mort. Horreur, j’étais prêt à craquer avant l’heure. Elle, leurre, continuait à traquer son gibier pour qu’il trépasse dans sa fourrure. Je luttais aux abords des larmes blanches. Sa grâce prenait du poids. Elle me suçait le sang-froid. Elle troublait ma garde avec succès. Elle donnait des coups d’écrin. Je m’efforçais de faire taire la chute d’or. Il fallait que la colonne moite s’affranchisse du col, qu’elle oublie ses exhibitions d’invasion. Il me fallait échapper à cette garce présidentielle, à cette porte épique, à cette couronne de peurs. Aucune fuite ne devait sortir de cette liesse avant que ses ailes ne puissent s’ébattre.

Vu la tournure du malheureux avènement, il me fallait sauver ma lame, déjouer le siège de ce bain de jouissance, sortir du piège d’un exil précoce, éviter de partir tête baissée aux ébats, saboter l’abordage de la bite. Il fallait que tous les ornements pour sa défonce soient rejetés. J’avais déjà eu recours, dans le passé, à différents subterfuges pour que l’orgasme ne trouve pas de refuge trop vite, mais aucune solution prostatique ne semblait en mesure d’empêcher la fuite des transfuges. Rien ne pouvait empêcher la potion maléfique de s’enterrer.

Au milieu des tendresses écarlates, un inconnu sombre vint se joindre à nous. Fernand se glissa dans notre lit. Il était bien plus beau que nous, une grâce immortelle, un désespoir fidèle, un éclair d’ombre.

Il a touché nos cœurs nus.

Une partie de mon futur enfant a fait le mort plus longtemps.

La nuit dura.

La tristesse a rendu cette femme heureuse plus longtemps.

Je ne laisserai jamais dire qu’il n’est pas le plus beau du monde.

Zedrus

https://www.youtube.com/watch?v=Kdmv8hHSg04

Pilule – Damien Saez

Damien, c’est une baffe dans ta gueule.

Une bonne baffe qui te fait penser que peut-être, tu t’es gouré.

De celle qui ne t’autorise pas à continuer comme si de rien n’était, sifflant le nez en l’air, l’air de rien.

Saez, c’est une taffe d’énergie.

Une bonne taffe d’herbe qui t’envoie sur orbite.

De celle qui t’autorise à penser que ton trip est partagé, que « l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage », et qu’avec un peu de bol, y’a du monde qui attend que tu redescendes.

Car lorsque tu acceptes que cette voix qui pourrait déranger n’a plus d’importance et que tu entres, tête la première dans ses textes, comme un spéléologue qui n’a rien à perdre, tu prends la mesure du choc qui va t’estourbir dès que tu penseras avoir trouvé le puits de lumière qui te permet enfin de sortir du tunnel.

Parce que cette lumière, elle est multicolère.

Elle t’emmène sonder le fond de tes tripes, le fondement de ton enfance, l’insondable de tes racines.

Elle te questionne sur tes principes, comme un boomerang.

Pas celui que tu lances à tes gosses le dimanche pour qu’ils courent le chercher. Non.

Celui qui revient dans ta gueule à coup sûr. Le vrai.

Qui après une frappe bien sentie et une légère nausée explicable te fait regarder tes gosses et votre avenir autrement.

Parce que ce mec et son vécu d’écorché; (dont Voici n’a pas eu les droits)

Voilà qu’il te renvoie tes rages adolescentes; à 40 ans.

Voilà qu’il te rappelle les mochetés inacceptables que tu as oubliées; à 40 ans.

Voilà qu’il te réveille d’un long sommeil; à 40 ans.

Parce que dans ses textes, il y a « salut à toi mon frère »,

Parce que dans ses textes, il y a du Brel,

Parce que dans ses textes, il y a du Brassens,

Parce que dans ses textes, il y a du Bashung.

Sauf que c’est du Saez.

Sauf qu’il respecte ses pairs, tout en les honorant.

Parce qu’il réoriente ton avenir et celui des tiens, en puisant dans ses maîtres pour les ressusciter.

Parce que souvent l’histoire se répète, et qu’il serait urgent de l’en empêcher.

Là.

Maintenant

Tout de suite.

Tamara Védrine

Ma vie pour rien – Nino Ferrer

De la bonne musique, il y en a partout, et pour tous les goûts. C’est malheureux, mais il faut s’y faire. Mais quand tu veux écouter du blues chanté comme il se doit en français, il n’y a plus person au téléphon, Gaston.

Tu peux me dire que j’ai vu Mirza, ou que j’écris cette bafouille en étant noir, mais non. Tend l’oreille. Le blues, ça doit suer et chialer, mais ça doit être élégant. Ça doit sortir des tripes et te parler au cœur. Il ne faut pas faire semblant, oh eh hein bon.

Il faut faire un tour dans le sud, pour l’entendre, Alexandre. L’autre type qui nous faisait bien rire, il enterre sa maman, sort de sa maison, et je ne sais même pas s’il y a une fontaine tout près de Montcuq. Et il se tire une balle dans la tête.

Il voulait être noir, le voilà mort.

Il nous faisait marrer, mais il était à fleur de peau, Nino. Et le blues, il l’avait compris, lui.

Ma vie pour rien…

Tends l’oreille, bon sang.

Mark Levental

Heart of Gold – Neil Young

Je ne sais pas si ce sera le piano ou la guitare. Mais, un jour, j’apprendrai à jouer d’un instrument. Et, dès que je saurai aligner trois accords, et bien tant pis, je massacrerai maladroitement Heart of Gold, la chanson la plus connue de Neil Young. De toute manière, comme il s’agit de la plus belle du monde, je ne pourrai pas lui faire grand mal.

Avant même que je sache qui chantait cette rengaine, je frissonnais à chaque fois que j’entendais Heart of Gold sur le ReVox de mon papa. Car, à cette époque, le futé ne dépensait pas beaucoup d’argent pour acheter des disques. Il avait préféré investir dans un impressionnant magnétophone, du matériel de professionnel, d’une qualité sans concurrence. Fier comme un paon avec son A77, il enregistrait sur ses bandes magnétiques les tubes du moment : Butterfly de Danyel Gérard, Aline de Christophe, l’intégralité d’Abbey Road (personne dans la famille ne savait que c’était les Beatles et tout le monde adorait Something). Comme la bande durait des plombes, on attendait religieusement la fin et on rembobinait. Il devait même y avoir Capri, c’est fini. Mais là, je ne mettrais pas ma main au feu.

Je ne sais pas comment mon papa est tombé sur Heart of Gold. Il a sans doute dû trouver le 45 tours paru en 1971, juste avant ou juste après ma naissance. Car, s’il avait eu entre les mains l’album Harvest, publié quelques mois plus tard, il l’aurait certainement copié en entier. Or je ne me rappelle pas avoir été un jour bercé par Old Man, Alabama ou The Needle and the Damage Done. Je m’en souviendrais.

Depuis toujours, je défaille donc à chaque fois que j’entends cette version un peu kitsch, avec cette basse au premier-plan et la guitare pedal steel très country de Ben Keith. À chaque écoute, je respire à nouveau l’odeur caractéristique de notre ReVox bichonné à l’alcool médical par mon paternel.

Mais, durant une éternité, je ne savais pas qui était Neil Young. J’ai dû attendre Nirvana, Screaming Trees et Pearl Jam au début des années 90 pour découvrir de mon propre chef ce « parrain du grunge », accompagné de son vieux groupe, Crazy Horse. Et encore, il a fallu que Kurt Cobain cite cette trop fameuse phrase d’Hey Hey, My My dans sa lettre d’adieu: « It’s better to burn out than to fade away » (Mieux vaut partir en flammes que s’éteindre à petit feu).

Comme beaucoup, je suis remonté à la source du son de Seattle. J’ai découvert tour à tour la rage de Rust Never Sleeps (1979), le son agressif de Live Rust (1979), la fièvre de Ragged Glory (1990), la brutalité de Mirror Ball (1995). Dans le même élan, j’écoutais aussi bien Smell Like Teen Spirit que Cinnamon Girl, j’appréciais avec la même ferveur les albums « commerciaux » de Sonic Youth que les expérimentations bruitistes d’Arc-Weld. Avec sa dégaine de bûcheron canadien mal fagoté dans ses chemises à carreaux, Neil Young était devenu un grand frère.

Et comme tout grand frère, il m’a introduit à d’autres musiques. Par son biais, j’ai enfin écouté pêle-mêle Bob Dylan, Palace Brothers ou Vic Chesnutt. Et j’ai redécouvert Heart of Gold en 2007, lors de la sortie du Live at Massey Hall, daté de janvier 1971. Contraint de jouer assis à cause d’un violent mal de dos, Neil Young y teste des compositions inédites. Seul sur scène et guilleret avec le public, le Loner entonne au piano A Man Needs a Maid dans une version follement dépouillée. Sa voix de velours caresse chaque couplet. « My life is changing in so many ways / I don’t know who to trust anymore » (Ma vie change dans tant de direction / Que je ne sais plus en qui avoir encore confiance). Puis, surprise, il enchaîne sans transition avec Heart of Gold, toujours seul au piano, pour ce qui demeure sans doute sa plus belle interprétation.

Plus de quarante ans après la sortie d’Harvest, Neil Young est entré dans la légende du Paléo Festival en juillet 2013. Avec Crazy Horse, il prit un malin plaisir à défier les éléments tout au long de la soirée inaugurale. Il multiplia à tel point les références à Woodstock (et son célèbre « no rain, no rain ») qu’il provoqua le plus violent orage que connut la plaine de l’Asse. Quelques minutes avant la tempête, il joua une incroyable version d’Heart of Gold, debout, seul devant le public, comme aux plus belles heures de CSN & Y. Puis, il reprit Blowin’ in the Wind telle que Dylan la laissa en 1962. Comment un type si exalté et impétueux avec sa Les Paul noire peut-il être aussi tendre avec sa Martin-D45 acoustique? L’histoire gardera que, dès qu’il attaqua les premières notes de Like a Hurricane, des trombes d’eau s’abattirent sur la Côte.

Depuis 1971, Neil Young a pris de l’âge – « And I’m getting old », prédisait-il – mais il a toujours érigé les paroles de cette chanson en art de vivre. « I want to live, I want to give / I’ve been a miner for a heart of gold » (Je veux vivre, je veux donner / J’ai été un mineur à la recherche d’un cœur d’or).

Tout compte fait, je ne vais sans doute jamais apprendre à jouer du piano ni de la guitare. Ça m’évitera de massacrer Heart of Gold. Ce serait quand même dommage de lui causer pareil affront.

Christophe Dutoit

Il faut que je m’en aille – Graeme Allwright

J’ai neuf ans, dans une 4L bleu marine, ma mère conduit… Elle chante fort pour pas s’endormir, il doit être minuit… On déménage, encore… Il y aura peut-être du travail en Provence. Dans le vieux radiocassette, Brel, Brassens, Branduardi et Graeme Allwright.

J’ai seize ans, ma mère ivre sur le canapé de notre petit deux pièces en Lorraine chante à tue-tête : “il faut que j’emmmnnnailleee!!” Je claque la porte, c’est moi qui pars…

J’ai dix-huit ans, la canne à la main je descends de la Sainte-Baume, montagne au nord d’Aubagne, mes frères compagnons fêtent mon adoption avec des chansons paillardes, je suis aspirant sur le Tour de France, Graeme est toujours là…

J’ai vingt-trois ans, je quitte les compagnons, je pars encore. Sur le chemin qui mène à Genève, je pleure de quitter mes frères d’adoption et je chante dans ma voiture…

J’ai vingt-huit ans, je viens de faire l’amour à Emmanuelle, elle me fait écouter ses chansons préférées. Encore une fois, elle est dans ma vie! Je lui refais donc l’amour, bien sûr, en chantant!…

J’ai trente et un ans, dans une petite cabane au fin fond du Cambodge, ça fait une année que je suis parti. J’ai le cafard… Je suis seul… J’ai plus un sou, je dois rentrer à la maison…

J’ai trente-cinq ans, ma mère vient de me rendre visite. Elle n’a pas bu depuis dix-huit ans, on se parle maintenant… Tout n’est pas pardonné, mais il y a quatre jours, on a écouté de la musique ensemble, on a même chanté ensemble… Devinez quoi?

Johnattan Poiret

Mon papa – Sarcloret

Un jour, mon papa a eu une saloperie. Tout de suite m’est venu à l’esprit ce «j’pensais pas que j’aimais mon papa au point d’écrire une chanson tendre, / pour lui dire que ça peut attendre /, qu’il peut partir une autre fois…» Le refrain le plus émouvant du monde. Le plus sincère, le plus simple, le plus beau. Ce jour-là, je vous jure que c’est vrai, j’ai croisé «dans les couloirs de l’hôpital / un ami, fils d’un autre père / d’un autre monsieur qu’on opère…»

Et puis mon papa s’est remis, il partira une autre fois. «Je venais pour le voir guérir / à peu près deux fois par semaine…» Et puis l’ami, «fils d’un autre père», est mort. «Il n’y a rien à faire, rien à lutter», comme chante Sarclo sur une autre de ses merveilles. De ses nombreuses merveilles. Parce que, sous ses airs de «je m’en fous, de toute façon personne n’écoute mes chansons et donc personne ne sait qu’elles sont vachement mieux que celles des autres», ce foutu chantiste les a multipliées, les merveilles. Vous avez déjà écouté Pleurer dans tes bras ? Et Du brun ? Et La fille qui nous sert à bouffer ?

Et puis Mon papa, donc. À une époque – peut-être est-ce toujours le cas –, Sarclo concluait souvent ses concerts par cette chanson. C’était un signe : on savait qu’il serait inutile d’insister, parce qu’après ce sommet de tendresse pudique, il n’y a plus rien à dire. «Par un matin de mal de chien…»

Une guitare et des mots simples, des mots sincères, des mots vrais. Des mots qui me fichent à chaque fois la pidouille, comme on dit chez nous. Des mots qui me tirent les larmes. De combien de chansons peut-on en dire autant ? Tout à coup, Sarclo le provocateur rigolo s’efface pour se dévoiler sans fard. Et on a envie de l’embrasser pour avoir su trouver les mots qu’on ne peut pas dire. Parce que l’amour pour son père, ça ne se dit pas, par chez nous.

Un jour, Renaud a déclaré que Sarclo était la plus belle invention suisse depuis les trous dans le gruyère. Personne n’a pensé à lui dire qu’il se trompait : il n’y a pas de trous dans le gruyère. On peut donc en conclure que Sarclo est la plus belle invention suisse, et puis c’est tout.

Éric Bulliard

L’Étranger – Horla

À notre première rencontre, on m’a gracieusement, en toute gentillesse et toute imbécillité, vêtu du costard de son étranger qui désirait, qui voulait le déposséder de son bien.

Attaqué? Il a dû le ressentir.

Volé? Sans doute autant.

M’ignorer? Il ne l’a pas fait.

Me jeter? Pas plus.

Merci!

Dans ce trois-pièces trop étriqué, j’avais pour rôle de le modérer. Pas pour faire chier, même pas pour embêter, juste pour le bien commun. En retour, il m’a offert sa résistance. Pas une résistance contre moi ou envers ma tâche, pas celle qui fait semblant. La vraie! Celle que je ne voyais plus, celle qui me semblait vaincue, morte depuis si longtemps. Vieux Gros Con!

Un vrai résistant en fait, qui est ce qu’il pense et qui pense ce qu’il est. Et si pas tout à fait, il le tutoie de si près.

Tellement résistant qu’il a écouté son étranger. On a même fini par partager et échanger.

Je serai toujours l’étranger de quelqu’un! Tant mieux s’il aura envie de me rencontrer. Si ce n’est pas le cas, dis-lui de ma part : JE VOUS EMMERDE!

Alexandre Bollinger

http://horlamusic.bandcamp.com/track/letranger

Je rentre me coucher – Florent Vintrigner

Parce que même s’il aime à répéter qu’une chanson n’appartient à personne, celle-là est un peu la nôtre, pour moi du moins.

Parce qu’elle me rappelle une période où je n’ai que des souvenirs transpirant d’amour, de rires et de légèreté.

Parce qu’il rétorquera que mes souvenirs sont faussés.

Parce que lui aussi prenait le TGV de minuit moins le quart, me ramenait des caresses et rentrait se coucher, se coucher avec moi.

Parce qu’il répondra qu’il m’a tant aimée, pour de vrai.

Parce que c’était avant que tout se craque et brise mon cœur en mille morceaux.

Parce qu’il s’excusera de m’avoir fait tant de mal.

Parce que c’était nous.

Parce que même s’il trouve ça futile, j’ai envie d’en garder une trace, j’ai besoin de me rappeler que ça a existé.

C’est juste une chanson en hommage à notre amour, mais ce n’est pas rien, pour moi du moins.

Laure Delieutraz

Futura – Lucio Dalla

La ascolto da anni con la stessa emozione e ora che devo spiegare perché E’ la canzone più bella del mondo mi sento incapace di farlo. Troppi i ricordi ad essa legati, troppe le emozioni provate, troppo importanti quel testo, quei ritmi, quelle armonie, per riuscire a renderle giustizia come meriterebbe. Ci provo, seppur a stento, per omaggiare un artista, Lucio Dalla, che di canzoni degne di fare parte di questa lista ne ha scritte davvero tante. « Futura » è l’ottavo brano di un album – “Dalla” (1980) – che in sé concentra alcune fra le più belle canzoni italiane del secolo scorso (“Balla balla ballerino”, “Cara”, “La sera dei miracoli” o ancora “Siamo dei”). Sul disco arriva per ultima, in punta di piedi, con una musica un po’ cosmica, dei ritmi delicatamente travolgenti e un testo così apparentemente frammentato da sembrare buttato là senza rifletterci più di tanto. Vi lascia un’impronta indelebile.

Non avevo mai veramente carpito il senso del brano (o cosa significasse per me), almeno non fino a poco tempo fa, quando qualcuno – sentendomi sentenziare che è la mia canzone preferita – mi chiese “Di cosa parla?”. Lì per lì non seppi cosa rispondere e mi sentii una perfetta idiota.

Certo non avrei toppato se avessi detto come è ovvio che “Futura” è una canzone d’amore. Di quelle che mi taglierei un braccio (si fa per dire…) perché fosse scritta per me (in fondo lo è, altrimenti come si spiega che OGNI volta che si arriva a « E se è una femmina si chiamerà Futura. Sarà diversa, bella come una stella, sarai tu in miniatura », sento le formiche alle guance, anche ora che di meravigliose figlie ne ho due?). Ma sentivo, senza rendermene realmente conto, che come spiegazione sarebbe stata incompleta. Alla storia di due innamorati si mescola infatti un messaggio più cupo ma non meno profondo, impregnato di timori, di incertezza del domani ” in un mondo che “sta cadendo a pezzi come un vecchio presepio”, dove si mescolano preoccupazioni generali (a quanto pare Dalla scrisse “Futura” in piena guerra fredda, faccia a faccia col muro di Berlino) e personali (e chissà se si potrà “contare ancora, le onde del mare, e alzare la testa”). Un messaggio quasi celato dietro a una melodia spensierata per farci capire che una soluzione in mezzo a tutto c’è, per continuare a crescere, a sognare, ad amare, per stemperare la paura. Per continuare anche quando magari non ci credi più, c’è lei, salvifica: la Speranza. E allora “aspettiamo che ritorni la luce, di sentire una voce. Aspettiamo senza avere paura, domani”. Grazie Lucio!

Anna Passera

https://www.youtube.com/watch?v=UF8zIXlBjeA